La Société Générale a décidé de fermer une agence sur cinq d'ici à 2020, à un moment où le numérique prend le pas sur les points de vente dans la relation bancaire. Simultanément, le groupe met un coup d'accélérateur pour développer Boursorama, sa filiale de banque en ligne.

C'est maintenant officiel. La Société Générale va fermer 20% de ses agences d'ici à 2020, soit plus de 400 unités. Une cure d'amaigrissement qui confirme les chiffres révélés par les syndicats ces dernières semaines. Et la nécessité pour l'établissement d'adapter son réseau à l'évolution rapide du comportement des particuliers, de plus en plus adeptes du numérique. Et de moins en moins présents en agence : entre 2007 et 2015, la part de clients se rendant au moins une fois par mois dans une agence Société Générale est tombée de 57% à 42%. L'application mobile, lancée en 2010, est quant à elle devenue le premier canal d'interactions avec 45 millions de connexions mensuelles.
Regroupements d'agences dans les villes et plus d'automates
« En phase avec la révolution digitale qui s'accélère dans le monde bancaire, nous avons décidé d'aller plus vite et plus loin dans la transformation de notre modèle de banque de détail en France », a déclaré Frédéric Oudéa, directeur général de la Société Générale, dans le cadre de la présentation des résultats trimestriels du groupe, jeudi 5 novembre 2015.
« Nous avons décidé d’aller plus vite et plus loin dans la transformation de notre modèle de banque de détail en France » Frédéric Oudéa
— Société Générale (@SocieteGenerale) 5 Novembre 2015
Comment ce plan va-t-il se traduire sur le terrain ? Bernardo Sanchez Incera, directeur général délégué de la « SocGen », a annoncé dans un entretien aux Echos des regroupements d'agences dans les zones urbaines, un développement des automates pour traiter les dépôts et retraits d'argent et des centres d'appels « aux compétences élargies ». Du côté des outils numériques, les services sur le mobile et sur les réseaux sociaux seront « plus simples et complets ».
Bref, une relation « omnicanale » où le rôle de l'agence bancaire sera davantage de prodiguer du conseil alors que « sa fonction de boutique perd du terrain ». Les économies induites vont-elles être rétribuées à la clientèle ? « Non, c'est une certitude », tranche un professionnel de la distribution de produits financiers.
Ouvertures de comptes au plus haut depuis 10 ans
Paradoxalement, la banque ne se porte pas si mal dans l'Hexagone. Au terme des 9 premiers mois de l'année, son activité progresse de 4,2%. Et ses profits grimpent de 15,3% à 1,1 milliard d'euros, dont +29,3% sur le seul troisième trimestre. « Il y a une extraordinaire dynamique commerciale en France, on a un nombre record d'ouvertures de comptes, nous conquérons des clients, ce sont de bons clients. Cela se traduit par une collecte de dépôts et des productions de crédits », se félicite Frédéric Oudéa.
De fait, le groupe a enregistré 274.000 ouvertures nettes de comptes sur les 9 premiers mois 2015 (+59% par rapport à 2014), son niveau le plus élevé depuis 10 ans alors que l'exercice n'est pas encore terminé. Un essor tiré par la banque en ligne Boursorama qui a attiré en trois trimestres presque autant de nouveaux clients (114.000) que sur l'ensemble de l'année 2014 (116.000).
Un constat qui renforce la conviction du management de faire de Boursorama le fer de lance de la conquête commerciale du groupe dans l'Hexagone, en investissant davantage dans le marketing. Traduction chiffrée de l'accélération envisagée : de 712.000 à fin septembre 2015, le nombre de clients de Boursorama doit tripler à l'horizon 2020 pour dépasser la barre des 2 millions, contre 1,5 million prévus dans le précédent plan du groupe. Soit un quasi-quadruplement du rythme d'acquisitions annuel.